[Interview] Thierry P. est un consultant expérimenté, spécialiste Supply Chain et Gestion Industrielle. Basé à Tours (RH Solutions Tours), il intervient en Europe dans le cadre de missions, comme consultant expert et opérationnel.
Parfois, il revêt l’habit du « manager de transition » pour réorganiser les flux logistiques internationaux d’un groupe étranger. Plus simplement, son expertise est utile pour ses clients en PME, qui font face à de problèmes de stocks.
Rhs : Pouvez-vous décrire votre parcours ?
TP : J’ai une bonne trentaine d’années d’expérience en logistique, achats ou commercial dans des secteurs variés comme l’automobile, l’industrie textile, la plasturgie, l’électronique… Le fil directeur, c’est que j’ai grandi avec cette notion de « supply chain » qui n’existait pas au départ.
A 57 ans, je suis un « jeune » consultant autonome puisque j’exerce depuis un an. Personnellement j’ai toujours travaillé sous forme de missions, en faisant progresser mon savoir et mon expérience. Le portage salarial me permet de me concentrer à 100% sur mon activité, sans perdre de temps dans l’administratif.
Côté cursus, je suis Ingénieur mécanicien, avec un DESS gestion et un DEA en sciences des matériaux. Mais le plus important, c’est avoir envie d’optimiser les organisations et les outils pour l’intérêt de tous.
Rhs : Quelles sont les qualités nécessaires au consultant ?
TP : Pour ma part, je vois quatre idées essentielles :
Il faut être humble et rester ouvert à tout. Il m’arrive, dans les grands groupes, outre la négociation avec la Direction Générale, de passer de nombreux tests – même en graphologie ! – et des entretiens de recrutement avec un DRH (Directeur des ressources humaines), ou le Chairman of the Board (Président du Directoire)… J’accepte cette étape de sélection, tant il est vrai que faire appel à une ressource externe, chargée de coordonner des activités sensibles, cela peut faire peur. En fait, dès que la mission démarre, tout devient plus facile. Je suis là en général pour 6 à 8 mois.
Autre point à travailler : savoir fédérer les équipes autour de soi. Me concernant, j’essaie de communiquer mon enthousiasme, car j’aime résoudre les problématiques, aider les entreprises et transmettre mon expérience. Derrière la réussite d’une mission, il y a toujours cette envie de réussir ensemble.
Il faut toujours progresser et faire progresser les autres. C’est le fondement du Lean management et c’est aussi une bonne philosophie de vie ! Au-delà des missions, j’interviens sur les techniques Supply Chain et de Gestion Industrielle dans des grandes écoles d’ingénieurs.
Enfin, il faut apprendre la patience. Quand mes clients m’appellent pour résoudre des difficultés en logistique, il y a urgence mais tout ne démarre pas toujours aussi vite. Faire appel à une ressource extérieure est une décision qui peut prendre quelques semaines. A mon sens, un bon consultant doit aussi être prêt à ne pas avoir de mission, il doit savoir gérer son temps inter-missions en se formant, en développant son réseau…
Rhs : Quelles sont les expertises du consultant Supply Chain ?
TP : C’est un métier éminemment technique. L’objectif est de toujours améliorer les flux de production, de transport. Nous sommes dans une recherche d’Excellence opérationnelle.
Le terme le plus connu pour qualifier cette expertise c’est le « lean manufacturing » et un bon expert doit être posséder des certifications reconnues, comme la « Sigma master black belt » ou la CSCP de l’APICS. En se fondant sur ces méthodes, le consultant peut débuter sa mission par un audit solide de la situation, en se fondant sur ces méthodes. C’est un bilan écologique, social, économique.
L’autre partie du métier impose d’avoir une approche transverse et une vision globale et structurante. J’ai construit mon expertise en occupant des postes variés, tout au long de la chaine logistique : responsable logistique, responsable qualité, directeur supply chain et lean manufactuting… comprendre chaque étape du flux permet de savoir comment animer un tel réseau au niveau fonctionnel.
Dans des cas extrêmes, j’ai géré des projets d’optimisation des pratiques pour 42 usines ! Il est essentiel de bien maitriser tous les rouages du métier.
Rhs : Comment trouvez-vous vos missions ?
TP : Je m’arrange surtout pour que mes clients me trouvent ! J’utilise des outils comme Linkedin et je participe à des journées en cabinet conseil où je rencontre des prospects.
Je travaille en réseau et je ne néglige pas les « détails ». Il m’est arrivé d’obtenir une mission en discutant autour de la machine à café, dans le cadre d’une formation. Je travaille aussi avec d’anciens employeurs et même avec une société dans laquelle j’avais été étudiant-stagiaire il y a de nombreuses années.
Rhs : Vos réussites récentes ?
TP : Je suis intervenu dans la réorganisation d’un groupe d’entreprises. A une époque où l’on parle souvent de robots et de délocalisation, j’ai identifié une problématique qui impliquait une relocalisation de l’activité en France. La Chine n’était pas assez flexible et seule la production française pouvait absorber un pic de production.
Nous avons travaillé dans l’intérêt des clients, le taux de service client est redevenu normal et nous avons même pris des parts de marché au Royaume-Uni !