« Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? ».
Dans la série des acronymes originaux, le QQOQCCP occupe une place à part.
C’est une méthode empirique d’investigation qui s’utilise aujourd’hui dans des secteurs variés (juridique, journalisme) et qui intéresse les consultants indépendants à l’heure de poser la problématique d’une mission .
L’avantage de cette approche est à la fois sa simplicité de mise en œuvre et une forme de rigueur méthodologique.
« Quis, Quid, Ubi, Quibus auxiliis, Cur, Quomodo, Quando » (1)
Le concept du questionnement QQOQCCP est né avec un rhéteur grec du Ier siècle av. J.-C., Hermagoras de Temnos, considéré comme le père du raisonnement juridique.
Il est ensuite repris et popularisé par l’hexamètre de Quintilien (2), qui pose les « circonstances » d’une situation selon sept thèmes :
- la personne,
- le fait,
- le lieu,
- les moyens,
- les motifs,
- la manière,
- le temps.
QQOQCCP : par où commencer ?
Si vous êtes consultant indépendant, vous avez besoin de poser des problématiques avant de réaliser une offre de prestation.
Au départ, les idées foisonnent, vous ne savez pas par quel bout attaquer le sujet et vous craignez d’oublier un paramètre (financier ou humain) qui peut se révéler essentiel par la suite !
Avec le QQOQCCP vous résumez et ordonnez votre questionnement afin de faire le « tour du sujet ». À chaque lettre correspond une question :
- Q = Qui ? Qui est responsable du projet, qui est la personne concernée par la problématique, qui sont les acteurs du projets ou les cibles visées… ?
- Q = Quoi ? Quels sont les outils utilisés, l’objet de la problématique, les résultats ou objectifs attendus… ?
- O = Où ? Où se situe la problématique, dans quelle activité ou service de l’Entreprise et vers où évolue-t-elle… ?
- Q = Quand ? Quelles sont les dates, les périodicités et les durées clés du projet. Quelles sont les délais souhaités… ?
- C = Comment ? Quelle est la technique au cœur de la problématique, les moyens matériels, les procédures utilisées… ?
- C = Combien ? Quelles sont les valeurs (en euros, en temps) en jeu, quelles mesures existent, quel budget et quantités d’activités…
Note : c’est à ce niveau que se situe la valeur ajoutée du consultant. Si son intervention réduit durablement un problème, il devient un partenaire de l’entreprise cliente plutôt qu’un simple prestataire. Et il justifie ainsi une rémunération plus élevée, liée à la valeur fournie et non pas au temps passé. - P = Pourquoi ? Quelles sont les causes apparentes ou réelles de la problématique, son principal facteur déclenchant… ?
Si le principe de liste ne vous convient pas, pensez aussi à une présentation sous forme de tableau.
Placez les quatre questions principales (Qui ?, Quoi ?, Où ?, Quand ?) en regard des trois modalités (Comment ? Combien ? et Pourquoi ?).
Cela fonctionne aussi !
Le cas de la négociation commerciale
Dans votre prospection, vous êtes amenés à poser des questions. La méthode QQOQCCP est une excellente base pour des questions ouvertes.
Elle vous permet de comprendre les motivations profondes de votre interlocuteur et apporter un maximum de valeur à votre réponse. Le truc réside dans le «C » de « Comment ».
En effet, la clé de la bonne investigation commerciale est de doubler chacune des questions d’un « Comment…? » qui donnera de la profondeur à l’analyse de la situation.
• Qui est le décisionnaire, qui conduit le projet ?
(Comment est prise la décision ?)
• Qu’avez-vous besoin pour améliorer votre chaine de valeur ?
(Comment évaluez vous l’amélioration du système)
• Où se situe selon vous le dysfonctionnement ?
(Comment l’avez-vous constaté et comment cela s’est il produit ?)
• Quels sont vos impératifs de réalisation ?
(Comment voyez vous les 3 mois à venir ?)
• Combien de ressources prévoyez-vous (personne, budget) dans ce projet?
(Comment pensez vous organiser ce projet ?)
Le cas de la rédaction de contenu
Vous rédigez des textes, des articles de blogs, des commentaires…. Et vous souhaitez être exhaustif, ne rien oublier? Faites alors appel à la règle des « Cinq W du journalisme » (3) un principe dérivé du QQOQCCP.
Cette méthode d’écriture est enseignée depuis 1917 dans les grandes écoles de journalisme et fixe les « règles fondamentales du reportage » : « who did what, where and when, and why ? » (qui a fait quoi, où, quand et pourquoi ?).
(1) « Quis, Quid, Ubi, Quibus auxiliis, Cur, Quomodo, Quando », les sept questions en latin qui définissent les « circonstances » d’une situation (en latin : « circum-stare » signifie « ce qui se tient autour de »)
(2) In « De institutione oratoria ».
(3) Cette méthode fut exigée par Roy W. Howard2, rédacteur en chef et président, de 1912 à 1923, de l’United Press (agence de presse américaine et mondiale).