Parmi les 700 000 travailleurs indépendants en France (1), environ 30% sont des femmes. Qu’il s’agisse des métiers ou des salaires, les activités freelance reflètent aussi un manque de parité, même si les possibilités de changer la donne se développent.
Hit-parade des métiers féminins freelance (source Hopwork)
La plateforme de freelances Hopwork (2) propose régulièrement un baromètre des tarifs et des métiers, sur la base de ses 18.000 indépendants inscrits. Premier constat : les métiers du Marketing (parfois assimilés à la Communication) sont plus féminisés. A l’inverse, il existe une sous-représentation des femmes dans les secteurs dits techniques, notamment le numérique (3). Rien à voir avec une spécificité des indépendants, l’explication se situe en amont au Lycée, où des filières dites techniques comme la 1ere STI (1ere S option sciences de l’Ingénieur) n’accueillent que 7% de filles (3) !
Le baromètre Hopwork, reflète donc ce constat via les profils des 5400 indépendantes de la plateforme avec 30% de femmes sur un total de 18.000 freelances inscrits.
Les métiers freelance en portage salarial (source : RH Solutions)
RH Solutions, comme leader du portage salarial en France suit de près également les métiers de ses consultants ou formateurs, qui interviennent « en freelance » (4). Logiquement, la proportion féminine est assez proche de celle vue plus haut : 30% des intervenants en portage salarial sont des femmes, avec des métiers de l’informatique plutôt occupés par des hommes et des métiers proches de la Qualité, des Ressources Humaines ou de la formation principalement occupés par des femmes.
Les écarts de tarif – TJM (taux moyen journalier) – (source Hopwork)
Selon le baromètre de la plateforme Hopwork, des écarts de rémunération (constatés au niveau des tarifs) entre les sexes se retrouvent également chez les freelances avec une moyenne de 16% d’écart en faveur des hommes – ils rejoignent d’ailleurs, les écarts de salaires constatés au niveau national évalués à 19,2% en moyenne – (5). Ces écarts s’expliquent par une présence supérieure des hommes sur les missions et métiers les plus rémunérateurs, mais pas seulement…
PS : pour information, sur les autres professions, l’écart est inférieur à 5% (réalisateurs/motion designers, graphistes & photographes et les rédacteurs & community managers).
…Et pourtant les femmes freelances sont plus « performantes » : selon Vincent Huguet (PDG d’Hopwork), parmi les 5400 femmes freelances du réseau, leur taux de réalisation des missions qui est un indicateur de performance est plus élevé de 14% par rapport à leur collègues masculins.
Les constats et les pistes pour rétablir la parité entre consultants freelances
En France, comme dans d’autres pays d’Europe ou aux Etats-Unis, la part de femmes diplômées des filières scientifiques ou techniques stagne depuis 10 ans autour de 32%, alors que la moyenne mondiale est de 34%, voir 65% dans certaines universités d’Asie (Malaisie). Pour atteindre la parité au niveau mondiale, il faudrait attendre encore 40 ans (6)…
Ce phénomène entraine une féminisation de certains métiers, perçus comme « moins scientifiques » et souvent moins payés (marketing, communication, création).
Si l’on résonne par métier ou compétences équivalentes, des écarts de salaires s’expliquent aussi par l’origine des freelances : les hommes accèdent en tant que salarié plus facilement aux postes de Direction. De plus, sur des postes équivalents, ils sont souvent mieux payés que leurs homologues féminins (4 – étude DARES). En devenant freelance, les hommes répercutent ces écarts dont ils ont bénéficié, avec des TMJ plus élevés.
La solution est ici pour les femmes de passer du temps sur leur grille tarifaire afin de valoriser au mieux leur offre de service, à sa juste valeur. Peut-être en créant des offres leur permettant de se distinguer ou en évitant le comparatif direct avec les TMJ des hommes (comme une offre avec abonnement)…
Autre solution qui se développe : les réseaux féminins. En jouant la carte du réseautage, les femmes freelances peuvent accéder à des décideurs (des décideuses) capables de leur faire confiance et jouer la carte de la parité ! Il existe des centaines d’associations, comme le réseau historique FCE (Femmes chefs d’entreprise -7-) ou les associations de promotions des femmes dans les filières scientifiques comme Elles Bougent (8).
Dernière solution : s’associer à un consultant masculin sur des projets particuliers ou à forte visibilité. Il est d’ailleurs prouvé que les équipes mixtes apportent une valeur ajoutée au projet et que ce dernier se déroule plus souvent dans une excellente atmosphère.
Crédits et sources :
(1) Source : European Forum for Independent Professionals
(2) Depuis 2013, la plateforme Hopwork offre une espace de mise en relation entre freelances et entreprises ; c’est une freelancing marketplace où chacun est libre de proposer ses compétences, quel que soit son statut de professionnel (gérant, portage salarial, auto-entrepreneur…). Cette plateforme fonctionne sur un principe de valorisation des prestations (les freelances affichent leurs tarifs) contrairement à d’autres plateformes qui pratiquent le principe d’enchères, qui favorise la baisse des prix. Ci dessous les tarifs moyens pratiqués en 2016. Crédit : Hopwork.
(3) Le cas de la sous représentativité des femmes dans le numérique (source Syntec)
(4) Etude interne RH Solutions sur les 300 derniers arrivés dans le réseau, oct.-déc. 2015.
(5) Etude DARES égalité Homme-femme 2015.
(6) Enquête internationale Mutationnelles-Y Factor 201.
(7) Le réseau FCE est implanté dans toute la France. Son but est de valoriser les femmes entrepreneures, en s’appuyant notamment sur leur sous représentativité dans les directions de TPE-PME françaises (près de 30 % des dirigeantes) et par ailleurs leur formidable motivation puisque près d’une femme sur cinq envisage l’expérience entrepreneuriale, soit près de 5 millions d’entrepreneures potentielles en France -Sondage « Les femmes & la création d’entreprise » mené par OpinionWay pour l’APCE-.
(8) Site ELLES BOUGENT. Consulter également l’Annuaire des 60 réseaux féminins.