Slow food, slow design, slow fashion… et maintenant le slow business ! Les consultants indépendants ont tout intérêt à s’intéresser au travail « slow » car il propose d’équilibrer la vie au travail tout en rendant l’entreprise plus productive.
Retour sur un phénomène parti d’Italie il y a trente ans et qui nous revient en boomerang des États-Unis, sous un angle inattendu…
Italie, 1986 : tout débute avec la gastronomie
Le mouvement écolo-gastronomique « slow food » a été lancé en 1986 par le sociologue italien Carlo Petrini.
Reconnu par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), ce mouvement international propose une alternative au fast-food et redonne au repas un rôle de partage et de convivialité, surtout bénéfique au consommateur, aux producteurs, et à l’environnement.
Depuis cette date, la tendance « slow » se développe dans l’ensemble des activités humaines, de la culture au tourisme, de la mode au business…
Attention ! « Slow » ne signifie pas « lent »
L’idée du « slow » ne se traduit pas par « lenteur », ni ne combat la rapidité.
Elle exprime l’importance de « prendre son temps, réfléchir et privilégier la qualité ». Il ne s’agit pas d’une évolution de l’activité humaine qui devrait ralentir, mais bien un changement de paradigme. Pourquoi faudrait-il faire dans l’urgence et dans la douleur ce qui pourrait être fait de façon durable, qualitative et équilibrée ?
Le mouvement slow est bien compatible avec notre mode de vie occidental, où la technologie est omniprésente. Il nous pose la question du sens de notre activité et nous aide à construire une nouvelle voie.
Pour les consultants RH, les chefs de projets et formateurs, promouvoir le slow business permet de répondre dans la durée à des problématiques d’ambiance au travail, d’efficacité commerciale ou de créativité.
Une illustration : le « slow business » préconise de pratiquer le « digital detox », c’est-à-dire savoir se déconnecter volontairement d’Internet dans le but de bien « recharger ses batteries ». Apple a bien compris cette tendance et propose sur ses iPhones de programmer des périodes « Off » durant lesquelles les notifications et les appels sont interdits !
Être “slow business” en 2016 !»
En 2016, le slow business s’affirme aux États-Unis comme une tendance de fond. Sans doute les cas répétés de burn out (le syndrome d’épuisement professionnel) et le désinvestissement des salariés pour leur travail y sont pour beaucoup.
Une autre explication est liée aux risques de crash financier associés à certains modèles économiques de start-ups qui privilégient l’option «Growth» (croissance rapide) en levant des millions de dollars sans même avoir vendu le moindre produit ou service !
Face à cela, le « slow business » propose une alternative : une stratégie de croissance organique contrôlée et pour les salariés, apprendre à mieux travailler sans stress, donner la priorité à la qualité de vie et de travail, plutôt que favoriser la quantité d’activités. Finies les heures supplémentaires, le travail en continu et la connexion à son domicile ou durant les vacances, les absences de déjeuners…
Les adeptes de cette philosophie managériale soulignent que le Slow business, favorise la concentration et l’efficacité des employés, tout en les rendant « heureux ». Même si en France le terme « slow » -traduit à tort par « lenteur »- fait encore peur, la tendance est là. Elle se retrouve dans les nouvelles préoccupations de ressources humaines liées au « bien-être » au travail ou dans les nouvelles formes de « bienveillance » de chefs vis-à-vis de leur subalterne. L’objectif étant de développer un forme de « bonheur » dans l’entreprise d’où découleraient créativité, autonomie, productivité et loyauté pour la société.
Le Slow business : synthèse
Avec une stratégie de Slow business, l’entreprise se réorganise autour de nouvelles priorités respectueuses de l’être humain, tout en étant plus productive :
- L’humain se place au cœur de l’entreprise. Un employé heureux « crée » des clients heureux.,
- Les compétences spécifiques des salariés sont mieux prises en compte, chaque salarié est unique et ne traine pas d’étiquette liée à sa formation, son origine professionnelle…
- Tout est fait pour travailler sereinement, permettre de mieux se concentrer au travail et tenir compte des interactions entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Au bureau, cela peut se traduire par des espaces de repos, l’autorisation de pause-sieste ou la mise en place du télétravail afin d’éviter des heures stressantes dans les embouteillages entre 7h30 et 9h30,
- Le développement d’une éthique professionnelle qui précise que l’objectif du gain ne doit pas justifier des pratiques violentes ou qui iraient à l’encontre des règles de bonnes conduites,
- L’état d’esprit positif prime, gentillesse et amabilité sont des vertus reconnues.
Sur la plan économique, des entreprises américaines novatrices (Basecamp ou Steals.com) proposent de se développer de façon contrôlée en conservant une taille humaine (moins de 100 salariés) et en suivant une idée simple : «Slow grow, stay small». Elles auto-financent leur développement afin de s’affranchir des lois court-termistes de la finance et affichent en retour, depuis des années, une solide rentabilité.
En savoir plus sur la tendance du « Slow Business »
- « Ralentir au travail et en finir avec le temps toxique », Pierre Moniz-Barreto
- « Prendre son temps pour en gagner » , Lothar J. Seiwert, Editions Eyrolles, 2012
- «Slow Business»: la tendance qui permet de «travailler mieux, pas moins» (Frenchweb 2016)
Crédit : Marly Gallardo, The Great Escape