Vendre des services de consulting (consultance en français) est a priori compliqué. Vous vendez quelque chose d’abstrait, pas un produit, pas un objet, mais une idée. C’est pour cela qu’il faut appliquer des méthodes particulières -et non pas celles d’un vendeur de voiture classique-. Voici les quatre étapes généralement recommandées par les consultants américains (en informatique, lean management et développement personnel) :
- Identifiez et soulevez clairement un problème,
- Évaluez le coût (le surcoût), direct ou indirect induit par ce problème,
- Offrez une solution et une démarche pour le résoudre,
- Acceptez la pleine responsabilité de la mise en œuvre du projet
Appliquons cette méthode commerciale pas à pas en observant l’évolution de l’acheteur qui en face de vous écoute le déroulé de votre argumentation…
<Étape 1 : Identifiez clairement un problème
Imaginez-vous dans une entreprise cliente. Vous avez peut être réalisé un audit, discuté avec le client, observé un process… Maintenant, fixez-vous comme objectif d’identifier un problème suffisamment important que vous pourriez résoudre. Simplifiez-le dans sa définition, pour le rendre clair. Vos interlocuteurs doivent le comprendre et l’accepter. En tout cas, l’objectif 1 est de le poser, le faire accepter et le partager.
- Exemple 1, avec un manager de transition intervenant dans une usine : « La chaine de production de l’entreprise cliente génère des malfaçons, qui induisent certains mois de l’année des retours clients. »
- Exemple 2, un consultant dans les services aux entreprises : « Les actions commerciales sur internet ont des ROI (retour sur investissement) trop faibles et grèvent la marge commerciale de l’entreprise. »
Étape 2 : valorisez ce problème en termes d’argent et de perte de temps
A cette étape, utilisez les données et ratios internes qui vous ont été fournis. Par défaut, utilisez les données du secteur d’activité. Evitez les moyennes bien sûr, travaillez plus avec deux à trois hypothèses, afin que votre calcul ne soit pas remis en cause. En pratiquant de la sorte, vous donnez corps au problème qui n’est plus abstrait mais réellement concret : une perte d’argent, des conséquences sur l’organisation, du stress…
- Exemple 1, un consultant dans l’industrie : « 500 retours clients ont été enregistrés l’année dernière, 85% entre septembre et octobre. Leur coût est évalué à 4€ pour la partie gestion des retours, 55€ correspondant à la valeur du produit, soit un total de 29.500€ par an. »
- Exemple 2 dans les services : « Les actions commerciales sur internet (emailing, adwords) coûtent 50.000€ et ne rapportent que 37.500 € de vente, soit une perte de 12.500€. »
Étape 3 : Surtout ne vendez rien à ce stade-là ! Au contraire, donnez votre avis.
Maintenant, vous devez intervenir comme un ami qui donne son avis, commenter les faits et leur impact (financier, en terme d’image…). Cela vous conduit à offrir votre point de vue et proposer votre propre méthode structurée. Cette méthode doit :
– Se fonder sur de grands principes (Lean management…), mais aussi s’inspirer de votre expérience personnelle. Vous pouvez même proposer un nom particulier, pour imposer votre marque de fabrique.
– Reprendre les coûts (étape 2) et en proposer une réduction partielle ou complète en fonction de la durée de votre intervention. Bien souligner ici le « sentiment d’urgence » à régler le souci. De l’argent est perdu ou la crédibilité de l’entreprise est atteinte, chaque jour.
– Deuxième argument : afficher un délai pour le retour sur investissement, si dans votre offre vous prévoyez un investissement de l’entreprise (en plus de votre prestation).
– Générer chez le client un sentiment : vous êtes « la bonne personne » pour le problème identifié et vous donnez l’envie d’en savoir plus. Vous venez de valoriser votre valeur ajoutée car à cet instant le client s’imagine avec un problème -gênant, couteux- enfin pris en main et résolu par vos soins.
- Exemple 1 dans l’industrie : « La démarche de Lean management va permettre de faire baisser de 70% les défauts en identifiant plus tôt les risques de malfaçons et grâce à une nouvelle organisation l’entreprise va anticiper les pics de commandes. Cette double démarche nécessite d’investir dans un nouvel outil de planification mais son coût sera rentabilisé sous 6 mois. »
- Exemple 2 dans les services : «Les nouveaux formats publicitaires et le remarketing (dont le coût est inférieur aux annonces Adwords) permettent en 4 mois de mieux maitriser les dépenses. D’autre part, une démarche de type « inbound marketing » permet d’associer les différents canaux de distribution, réaliser des économies d’échelle dans les actions menées en multi canal de l’ordre de -15% et de calculer la vraie rentabilité des clients en intégrant la notion de «life time value ».
Étape 4 : Portez l’estocade. Le responsable, c’est vous.
Pourquoi faut-il s’afficher comme le « responsable du projet » ? C’est clair, cela va rassurer le client, qui va se sentir déchargé de ce problème qui lui pèse. C’est finalement cet allègement de responsabilité que vous achète le client. A ce stade, vous pouvez lui proposer une offre de mission (à lui transmettre sous 24heures !) qu’il sera à même de défendre auprès de sa hiérarchie.
La conclusion est simple :
Une entreprise n’achète pas des produits comme elle achète ses services. Vendre une prestation de consultant revient à donner à ce service des caractéristiques tangibles (réduction des coûts liés à un problème dans un délai précis) et présenter une méthode liée à des résultats. Cette technique en 4 étapes permet de répondre aux questions secrètes du client (mais qui sont rarement exprimées) : « Quel est mon problème ? Qui peut le résoudre ? Est-ce de l’argent bien investi ? »