« Je recherche un-e expert-e du sujet « bonheur au travail » pour une intervention urgente en entreprise. Des pistes ? »…
Ce message laconique posté sur Linkedin par un chasseur de tête montre l’intérêt croissant des entreprises pour les experts de la santé au travail.
Parmi eux, Laurent Taillebois développe un discours mobilisateur et issu de ses vingt ans d’expérience passés en entreprises et en conseil auprès des DRH, des partenaires sociaux, en co-activité avec les médecins et bien sûr, de tous les collaborateurs qu’il a accompagné !
Il dévoile sa vision de son nouveau métier de consultant, au cœur des enjeux de la quatrième révolution industrielle.
RHS : Pourquoi s’intéresser au bonheur au travail aujourd’hui?
Laurent Taillebois : Cette idée de « bonheur au travail» n’est pas un simple effet d’annonce. Derrière, se cache une lente prise de conscience d’une problématique d’entreprise, nait avec la création des CHSCT (Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Dans les années 80, les conditions de travail sont devenues un sujet central des discussions en entreprise avec les lois AUROUX (1).
Depuis 35 ans, le monde s’accélère et le numérique pousse à une transformation générale de l’environnement professionnel des travailleurs qui doivent s’adapter dans des conditions parfois difficiles.
En même temps, l’entreprise s’aperçoit que sa richesse humaine est un facteur de croissance et non plus une charge.
Un consultant comme moi doit faire converger les intérêts de tous vers un objectif unique : l’efficacité organisationnelle liée à l’engagement de salariés heureux de travailler.
Dans les faits, c’est une mission complexe, multidimensionnelle et c’est cela qui est intéressant.
RHS : Justement, votre métier de consultant est-il surtout technique ?
L.T. : Oui, le cadre législatif est technique. J’ai besoin de maitriser le code du travail, les termes de l’Accord National du 19 juin 2013 (ANI) (2) vers une politique d’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et de l’Egalité Professionnelle (EP), la démarche QVT.
Mais sur cette base technique, je vis mes missions avant tout comme un médiateur entre les différents acteurs de l’organisation :
- la Direction de l’organisation,
- l’équipe de la Direcrtion des Ressources Humaines,
- les organisations syndicales,
- le médecin du travail,
- les employés, bien sûr…
Avec le climat de confiance que je propose, les plans d’amélioration s’engagent dans un esprit participatif général, dans le dialogue.
Rien n’est jamais gagné, mais le rôle du consultant extérieur est d’accompagner ses projets en tenant compte des hommes. Revoir un poste de travail, gérer l’absentéisme … Derrière la technique, il y a toujours l’humain.
RHS : Comment mesurez-vous l’efficacité de vos actions, le bonheur se mesure t il ?
L.T. : Sans philosopher, il faut être conscient que la performance économique peut s’associer au progrès social, comme l’a rapporté l’économiste Stiglitz (3).
A mon niveau, j’interviens sur des problématiques qu’il est facile de mesurer.
Par exemple, je participe à la réduction des couts de la « non productivité », de l’absentéisme ou du manque d’engagement provoqué par la révolution numérique et ses corollaires.
L’apparition de maladie professionnelle ou la maitrise des cotisations accidents sont aussi des problématiques où le rôle du consultant est essentiel. Nous sommes sur des indicateurs chiffrés, précis.
Même si le bonheur ne se mesure pas aussi facilement, mes clients font un lien direct entre l’amélioration des conditions de travail et l’évolution positive de la performance de l’entreprise.
C’est pour cela que je me présente comme Conseiller en Santé et performance car c’est grâce à cette dualité qu’il y a un gain pour tous.
RHS : Avec qui travaillez-vous à Marseille, dans la région et quels secteurs vous intéressent ?
L.T. : Je travaille en lien avec des acteurs institutionnels comme l’ANACT (4) et son réseau, ACT Méditerranée en PACA, la Carsat. A titre d’exemple, une interlocutrice dans une CCI vient de me demander d’intervenir en mission auprès d’entreprises (TPE PME) sur la pénibilité au travail.
Je suis attiré par le secteur de la Santé (je pense aux Hôpitaux) qui fait face à de grands enjeux de modernisation et dont la feuille de route QVT va conduire le changement.
Je suis aussi proche des starts up et de la French Tech où il est important de porter ce discours sur le bien-être au travail très tôt, afin que cela constitue un facteur de performance supplémentaire pour le développement de la jeune entreprise.
RHS : Vos projets ?
L.T. : J’ai l’objectif de m’investir encore plus dans des conduites de projet en entreprise agile, qui reflètent pour moi le modèle de l’entreprise du futur.
Par ailleurs je souhaite renforcer mon travail en réseau, car en étant pluri disciplinaire, mon expertise se complète avec les connaissances d’expert ergonome ou autres. Je peux répondre à des appels d’offres, sur des sujets ambitieux comme récemment la création de l’ergonomie d’une salle de contrôle dans l’industrie.
Avec le portage salarial, je suis libéré des contraintes administratives et je peux me consacrer à mon métier de consultant.
Pour en savoir plus :
Voir le site de Laurent Taillebois : www.Cercléa.fr
(1) En 1982 les Lois Auroux -menées par Jean Auroux, Ministre du travail sous le gouvernement Mauroy II- sont quatre lois qui ont modifié le droit du travail en France, dans le détail :
- loi n° 82-689 relative aux libertés des travailleurs dans l’entreprise (4 août 1982),
- loi n° 82-915 relative au développement des institutions représentatives du personnel (28 oct. 1982),
- loi n° 82-957 relative à la négociation collective et au règlement des conflits du travail (13 nov. 1982),
- la loi n° 82-1097 relative aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (23 déc. 1982).
(2) L’Accord National Interprofessionnel du 19 juin 2013 vise à favoriser l’égalité d’accès à la Qualité de Vie au Travail (QVT) et à l’Egalité Professionnelle (EP) pour tous les salariés.
(3) Cf. Rapport Stiglitz. La Commission Stiglitz, du nom de son président Joseph Stiglitz, est née d’une proposition de Nicolas Sarkozy en janvier 2008. Elle est officiellement intitulée « Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social ».
(4) L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) : le site