La crise du covid accélère les besoins d’évolution des entreprises. Faire appel à des « talents » pour se transformer rapidement est plus que jamais une priorité. Mais où sont-il ? Entre pénurie d’experts et changement de mentalité, les Ressources Humaines manquent parfois de visibilité.
Dans un contexte si difficile, l’innovation dans l’emploi (l’organisation, les statuts, l’externalisation…) ouvre des opportunités pour attirer des experts capables d’accompagner les organisations dans leur transformation. Ces experts sont souvent freelances, indépendants et pour certains d’entre eux en portage salarial.
Voici les 3 grands enjeux qui poussent aujourd’hui les entreprises à apprendre une nouvelle compétence : attirer, embaucher et fidéliser les indépendants !
1 – Des entreprises vont sortir renforcées de la crise grâce à l’effet “winners-take-all”
Face à une problématique économique comme aujourd’hui, les transformations technologiques vont survaloriser les entreprises qui réussissent à s’adapter aux fluctuations du marché, soit parce qu’elles sont les premières, soit parce qu’elles apportent un « plus ».
Les économistes appellent ce phénomène le “winners-take-all” (les meilleurs raflent la mise) et soulignent l’avantage en terme de marge plus élevée dont peut profiter le « leader ».
Pas de place dans ce contexte pour les seconds qui peinent à vendre, avec des marges plus faibles. Attirer des talents capables de l’aider à se réorganiser et innover devient souvent une urgence pour l’entreprise qui souhaite assurer sa pérennité.
Du côté du freelance, cela entraîne la nécessite de travailler sa marque personnelle (son réseau, sa réputation) afin de s’afficher comme « un expert et un talent ». Son niveau de rémunération pourra être corrélé à sa capacité à s’afficher comme tel.
2 – En période de crise : du pragmatisme, la fin de l’élitisme et les nouvelles formes de recrutement
L’élitisme et la sélection (dans la formation, le recrutement) sont une habitude du monde de l’entreprise. Ainsi, le DRH de Google se vantait jusqu’à présent de ne recruter que 0.25% des candidats qui se présentaient à lui… et les mauvaises langues disaient qu’il était plus facile de rentrer à Harvard que chez le géant de Mountain View !
Par ailleurs, le schéma traditionnel des acheteurs dans les grands groupes fait encore la part belle « aux meilleurs », qu’il s’agissent de profils sur-diplômées ou de sociétés de services haut de gamme, très sérieuses sur le papier.
Cependant, en période de crise, ces approchent traditionnelles se révèlent coûteuses à mettre en œuvre. En outre, elles favorisent la notion de statut et créent des positions figées, peu adaptées face au changement.
Des modèles de recrutement alternatifs s’affirment, fondés sur des réalités plus factuelles. Vous n’avez pas fait Harvard ? Peu importe ! Si votre réseau est vaste et actif, si vos précédents employeurs vous tressent des louanges et que vous affichez des réalisations concrètes (un site internet, un projet)… Vous êtes un talent potentiel qui peut aussi bien intéresser une PME qu’un grand Groupe!
Pour un freelance (surtout s’il n’est pas diplômé des grandes écoles) il est essentiel de travailler sa capacité à établir des connexions entre individus. Cette nouvelle valeur relève de «l’inclusion », par opposition à l’ancien modèle de sélection « qui exclue », pour se limiter à une minorité. L’intérêt quand on est freelance aujourd’hui est que rien n’est plus figé : chacun a en soi un potentiel à faire émerger et qui peut intéresser l’entreprise.
3 – La notion de résilience devient fondamentale
Rien ne sera plus comme avant. Un mot résume cela : la résilience, c’est-à-dire la capacité à réagir, s’adapter. C’est devenue en quelques mois, une tendance de recrutement privilégiée.
Le cadre du salariat et l’encadrement hiérarchique ne favorisent pas cette capacité. Souvent, une entreprise ne trouve pas en interne les ressources ou les compétences pour la pousser à évoluer. C’est pour cela que les freelances séduisent de plus en plus les entreprises.
Au travers de leurs expériences, leur niveau de résilience s’est renforcé. Ils restent à l’écoute, se forment et s’informent, quitte à s’engager dans une voie ou une autre pour optimiser leur parcours ou leurs projets.
En intégrant une équipe projet, un indépendant apporte avec lui bien plus que ses compétences : un véritable état d’esprit tourné vers le changement
Aujourd’hui plus que jamais : Faire appel aux indépendants et freelance est une priorité
Pour les économistes du XXème siècle l’entreprise s’est développée en optimisant en interne les coûts de réalisations de ses diverses opérations (recherche, production, prospection, vente…).
Progressivement, vers 1970, l’externalisation d’activités a allégé l’entreprise de certaines fonctions « non stratégiques ».
Aujourd’hui, la crise du covid ne fait qu’accélérer une troisième étape oùapparait avec les plateformes numériques. Elles bouleversent la vision classique de l’externalisation en offrant en externe des services parfois stratégiques et à moindre coût.
A partir du moment où il devient plus intéressant de faire appel à des freelances que de chercher à recruter en interne, la question se pose…
Certes, pour les freelances, notamment en informatique, il existe encore des blocages pour travailler en direct avec les donneurs d’ordre. Ces derniers sont parfois habitués à contractualiser avec des intermédiaires qui prélèvent des marges confortables.
Mais bon nombre d’entreprises constatent que les freelances apportent des méthodes de travail et un état d’esprit positif à leurs équipes et apprécient de les intégrer en mode projet dans leurs effectifs.
Comme le souligne Laurianne Thiebaut, Directrice des Systèmes d’Information chez Essilor France : “Nous recherchons des individus qui ont des convictions et qui sont capables de nous challenger.”
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